Portrait de femme: Marie-Andrée Bertrand

19 janvier, 2021

Nouvelle

Femme de tête reconnue pour sa rigueur et sa combativité légendaire, Marie-Andrée Bertrand a bâti sa carrière de criminologue et de professeure émérite sur les questions de justice sociale et d’égalité ainsi que sur le désir de transformer la société.

Marie-Andrée Bertrand est née à Montréal, en 1925. Titulaire d’une maîtrise en criminologie de l’Université de Montréal en 1963, elle est la première Québécoise et la première femme titulaire d’un doctorat en criminologie de l’Université de Californie, à Berkeley, en 1967. Elle a gravi tous les échelons de la carrière professorale à l’Université de Montréal. La première cause qui la mobilise est le traitement inique et discriminatoire des jeunes filles par les tribunaux de la jeunesse. Plus tard, elle étend à sept pays son étude comparative sur les rapports entre les femmes et le droit pénal. Son combat pour l’égalité des femmes en droit comme dans la vie politique, professionnelle et sociale durera plus de 40 ans.

Formée à différents courants, elle développe, bien avant d’autres au Québec, une vision claire des inégalités de genre et de couleur. Ses recherches ont suivi trois axes majeurs : le rapport des femmes au droit pénal, la politique des drogues et, plus largement, les théories critiques liées au sexe, à la conscience de classe et à l’appartenance ethnique. Elle a toujours montré un avant-gardisme intellectuel et un parti pris pour la justice qui ont précédé, voire porté de nombreuses avancées sociales et politiques du Québec et soutenu, de multiples façons, le cheminement vers une plus grande équité citoyenne.

Marie-Andrée Bertrand a porté les résultats de ses recherches sur la scène médiatique et écrit plusieurs articles, livres et chapitres de livres, dont La femme et le crime (1979) et Prisons pour femmes (1998). L’ouvrage Les femmes et la criminalité, publié à Montréal aux Éditions Athéna en 2003, fait état de recherches sur l’évolution de la criminalité des femmes de 1971 à 2001 et de la réaction sociale à ce phénomène. Ses travaux sur le traitement pénal dis­criminatoire des femmes dans le monde lui valent d’ailleurs de figurer, en 1994, sur la liste des candidats au prix Nobel de la paix. Madame Bertrand a été membre du conseil consultatif de la Commission du droit du Canada, présidente du Conseil québécois de recherche sociale et de la Fédération des professeurs d’université du Québec.

Marie-Andrée Bertrand

Son engagement social est largement associé au développement des théories féministes. Celle qui disait qu’elle était devenue féministe sans le savoir s’est battue jusqu’à la fin de sa vie, avec un dévouement indéfectible, pour l’égalité des femmes. Elle est sans contredit une source d’inspiration pour plusieurs générations d’intellectuels, d’intervenants québécois et de femmes.

L’envergure et le rayonnement de sa recherche en sciences humaines et sociales lui ont d’ailleurs valu une grande reconnaissance:

  • 1962 – Prix Beccaria, de la Société de criminologie du Québec
  • 1974 – Femme de l’année, du Club des journalistes du Québec
  • 1995 – Prix Esdras-Minville, de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal
  • 2001 – Chevalier de l’Ordre de la Pléiade, de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie
  • 2005 – Officier de l’Ordre national du Québec
  • 2012 – Le prix Marie-Andrée-Bertrand, un des prix du Québec, récompense depuis 2012 un scientifique ou une scientifique qui “ont mené au développement et à la mise en œuvre d’innovations sociales d’importance, conduisant au mieux-être des individus et des collectivités”. Toutes les disciplines des sciences humaines et sociales sont reconnues pour l’attribution de ce prix.

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