Portrait de femme : Joséphine Marchand
Joséphine Marchand est la fondatrice de la première revue féminine de langue française au Canada et la première éditrice d’une revue féminine au Québec. Engagée par ses écrits dans la défense de la langue française et l’émancipation intellectuelle des femmes, elle s’implique également pour la cause des femmes au sein d’associations, tant sur la scène québécoise que canadienne.
Joséphine Marchand naît le 5 décembre 1861 à Saint-Jean-sur-Richelieu. Elle est la fille d’Hersélie Turgeon et de Félix-Gabriel Marchand, premier ministre du Québec de 1897 à 1900. Elle fait ses études dans sa ville natale chez les Dames de la Congrégation de Notre-Dame. À la fin des années 1870, elle publie ses premiers textes dans le journal Le Franco-Canadien, dirigé par son père. Elle écrit ensuite pour divers journaux, dont L’Opinion publique et Le Canadien. Rares sont alors les femmes littéraires au Canada français. Sous le pseudonyme de Josette, elle publie Contes de Noël, une comédie intitulée Rancune, présentée initialement à l’Académie de musique de Québec.
« Comme monsieur son mari, qui a son club, sa pipe, ses gazettes, madame aura aussi, et ce ne sera que justice, son journal à elle »
Joséphine Marchand
En janvier 1893, Joséphine Marchand devient la première rédactrice en chef canadienne-française en lançant à Montréal le magazine mensuel Le coin du feu, la première revue de langue française visant un public féminin au Québec et au Canada. L’objectif de cette publication est d’œuvrer à l’éducation et à l’émancipation intellectuelle des femmes, préoccupations au cœur du féminisme de Joséphine Marchand. Elle y signe une grande partie des textes, dont une chronique régulière et des articles où elle aborde ses sujets de prédilection comme la littérature, les rapports familiaux et la politique. La revue compte également plusieurs collaboratrices, dont Marie Lacoste-Gérin-Lajoie et Robertine Barry. En 1898, elle fonde l’Œuvre des livres gratuits, une organisation philanthropique favorisant l’accès à la lecture dans les milieux défavorisés et les régions éloignées.
Suite à l’aventure d’Au coin du feu, Joséphine Marchand s’engage plus activement pour la cause des femmes aux côtés des réformistes qui militent notamment pour le droit de vote, l’accès à l’éducation supérieure et aux professions libérales et l’amélioration des droits des femmes mariées. Elle contribue à la fondation d’institutions et d’associations, dont le premier collège classique pour filles et la section féminine de l’Association Saint-Jean-Baptiste de Montréal. Sa position sociale et sa notoriété l’amènent à s’impliquer sur la scène canadienne et internationale. Désignée par Wilfrid Laurier commissaire du gouvernement canadien pour le Congrès international des femmes lors de l’Exposition universelle de Paris en 1900, elle y représente aussi le National Council of Women of Canada, fédération d’associations féminines dont elle est la vice-présidente de la branche montréalaise. Elle sera également vice-présidente provinciale du National Council of Women.
En 1898, la France reconnait l’engagement de Joséphine Marchand pour la défense de la culture française en lui décernant le titre d’officier d’académie, un honneur décerné pour la première fois à une Canadienne.