Portrait de femme: Idola Saint-Jean

4 mars, 2020

Nouvelle

Idola Saint-Jean, née le 19 mai 1879 et décédée le 6 avril 1945 à Montréal, est une journaliste, une éducatrice et une féministe québécoise. Elle mène de front sa carrière dans l’enseignement et son engagement social. 

Suffragette, Idola Saint-Jean fonde, en 1922, le Comité provincial pour le suffrage féminin avec Marie Lacoste-Gérin-Lajoie et Anna Marks Lyman. Elles participent, avec Carrie Derick, Julia Drummond et Grace Ritchie-England à la grande délégation féminine qui rencontre, à Québec, le premier ministre Louis-Alexandre Taschereau. 400 à 500 femmes rencontrent alors le premier ministre du Québec afin de convaincre les députés québécois d’approuver un projet de loi visant à accorder le droit de vote aux femmes du Québec. Idola Saint-Jean sera de tous les rassemblements et actions d’éclat ayant pour objectif le suffrage féminin.

Durant les élections fédérales de 1925, elle se rapproche du Parti libéral du Canada, qui sollicite ses talents d’oratrice. Elle s’exprime au grand ralliement de campagne des Libéraux au Québec, au Forum de Montréal. Ce rassemblement, que le journal Le Canada considère à l’époque comme le plus grand ralliement libéral de l’histoire de Montréal, établit la renommée politique d’idola Saint-Jean. En 1927, elle fonde l’Alliance canadienne pour le vote des femmes, une organisation issue du scindement du Comité provincial et qui se voue particulièrement aux ouvrières et aux femmes issues des classes moins aisées.

En 1929, Madame Saint-Jean, à la Commission Dorion, (qui enquête sur la situation du droit civils des femmes québécoises) revendiquera des changements dans la législation du mariage. Elle demandera d’élever l’âge légal à 16 ans pour les garçons et les filles (il était à respectivement 14 et 12 ans à l’époque), d’octroyer aux mères le droit de donner ou de refuser le consentement au mariage de leurs enfants (conjointement avec leur mari), de permettre aux femmes de retirer l’argent d’une assurance qu’elles ont payé ou encore de modifier les lois sur l’adultère afin d’en abolir le double-standard.

Idola Saint-Jean, qui bénéficie d’une page quotidienne d’actualité féministe bilingue dans le Montreal Herald, mettra de l’avant ces revendications dans ses éditoriaux en critiquant vivement les lois québécoises en vigueur au moment de la Commission.

En 1930, elle est la première candidate québécoise à une élection fédérale. Elle se représente dans la circonscription de Montréal–Saint-Denis et elle arrive en troisième place. Cependant, l’accès des femmes aux affaires publiques et le combat d’Idola Saint-Jean contre les inégalités et la discrimination systémiques envers les femmes permettent d’obtenir, en 1931, l’amendement du Code civil du Québec qui leur donne le droit de gérer librement leurs avoirs, fait passer l’âge légal du mariage de 12 à 14 ans, pour les filles et reconnaît les femmes comme témoins lors de la ratification d’un testament notarié. Ceci constitue une certaine avancée en regard de l’incapacité juridique des femmes mariées sur laquelle statuait le Code civil de 1866. S’exprimant sur diverses tribunes, comme des journaux, émissions radiophoniques, marches et rassemblements, Idola Saint-Jean répète inlassablement son message d’égalité et de justice sociale et ce, malgré les obstacles: le clergé catholique, la majorité des journalistes et parlementaires et de très nombreuses femmes. 

Les femmes québécoises obtiennent le droit de vote et d’éligibilité sous Adélard Godbout en 1940, alors que le gouvernement fédéral accordait le suffrage féminin depuis 1918. C’est l’aboutissement d’une lutte menée depuis 20 ans. Par son engagement politique, Idola Saint-Jean a contribué à vaincre la résistance du gouvernement du Québec à accorder aux femmes le droit d’exercer leurs droits démocratiques. 

En 1944, les québécoises peuvent, pour la première fois, participer aux élections provinciales. Idola Saint-Jean exercera son droit de vote peu de temps avant son décès. Elle meurt le 6 avril 1945, à l’âge de 65 ans. Ses funérailles ont lieu le 9 avril 1945 à l’église Saint-Léon de Westmount et neuf femmes, ses compagnes de combat, portent son cercueil.

Madame Saint-Jean a reçu plusieurs distinctions, mentionnons entre autres: 

  • La Fédération des femmes du Québec remet le Prix Idola Saint-Jean en son honneur. 
  • Le parc Idola-Saint-Jean est nommé en sa mémoire dans l’arrondissement montréalais de Rosemont–La Petite-Patrie. 
  • Un monument, érigé à proximité de l’Assemblée nationale du Québec, lui rend hommage avec Marie-Lacoste-Gérin-Lajoie, Thérèse Casgrain et Marie-Claire Kirkland-Casgrain, pionnières en politique qui se sont levées pour la promotion de l’égalité sociale. 
  • En 2015, la Ville de Montréal la désigne Bâtisseuse de la Cité.

« Permettre aux femmes de voter aux élections fédérales et municipales et leur refuser ce droit quand il s’agit d’une élection provinciale est une anomalie qui n’est pas à l’honneur de nos législateurs. » Idola Saint-Jean

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