Le discours du Trône en temps de pandémie: un réel engagement pour les femmes?

24 septembre, 2020

Nouvelle

En lien avec le discours du Trône d’hier, l’Association féminine d’éducation et d’action sociale (Afeas) tient à souligner la reconnaissance du gouvernement des impacts de la Covid-19 sur les femmes.

«Les effets de cette crise ont été décrits comme une « récession au féminin». (…) Nous ne pouvons laisser la pandémie nous faire reculer dans le temps quant à la participation des femmes au marché du travail, ni perdre les gains sociaux et politiques pour lesquels les femmes et leurs alliés se sont battus si forts. »[1]

Une reprise pour et par les femmes

Pour répondre à ce problème, le gouvernement fédéral s’engage à établir un Plan d’action pour les femmes dans l’économie pour aider celles-ci à retourner au travail et à gérer la pandémie d’un point de vue féministe et intersectionnel. Ce plan d’action sera orienté par un groupe de travail composé d’experts de divers horizons et comprendra, notamment, la mise en place d’un service de garde à l’échelle du Canada et de mesures pour les services de garde en milieu scolaire.

Tout en appuyant une telle initiative pour soutenir les femmes, l’Afeas veut s’assurer que ce n’est pas une façon de remettre sur les épaules des femmes un lourd fardeau au moment d’une vraisemblable deuxième vague et de la relance économique. Soutenue par de nombreux groupes de femmes, l’Afeas a demandé au printemps dernier que les femmes fassent partie de TOUTES LES INSTANCES mises en place pour gérer la pandémie et la relance, car elles sont les premières impliquées. À notre avis, tout en établissant des mesures spécifiques pour soutenir les femmes, il faut éviter de créer un silo pour les femmes et un pour le reste de la société!

Rappelons-le, plus de femmes que d’hommes ont perdu leur emploi, plus de femmes ont assumé le travail invisible à la maison avec les enfants et les proches en perte d’autonomie. Ce sont les femmes travailleuses essentielles qui en grande majorité ont été infectées et ce sont aussi les femmes âgées, dans les CHSLD et dans les résidences où elles sont en majorité, que la Covid-19 a infecté le plus et qui en sont décédées.

Le statut des femmes des communautés autochtones

Le discours du Trône a porté une attention particulière aux communautés autochtones. Au-delà d’engagements encore renouvelés au niveau des infrastructures, comme l’eau potable, la santé, le suivi des recommandations de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées ou encore celui de la Commission de vérité et réconciliation, le gouvernement n’a malheureusement pas pris l’engagement de mettre en œuvre et d’accélérer l’inscription au registre des Indiens pour les femmes des Premières nations et leurs descendances. Pourtant les modifications apportées à la Loi sur les Indiens[2], le 15 août 2019, permettent aux femmes à qui ce statut avait été retiré ou dénié de le regagner. Conséquemment, durant la pandémie, ces femmes et leurs descendances n’ont pas eu accès aux services essentiels ni aux mesures spécifiques pour la COVID-19. Un processus d’inscription simplifié au Registre des Indiens doit être mis en place dès maintenant pour résoudre cette situation qui a déjà trop duré!

« (Le) gouvernement présentera un projet de loi visant à mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones d’ici la fin de l’année. »[3]

Au-delà de ces engagements, le gouvernement a des grandes ambitions pour assurer un retour à la normale. Plusieurs des actions annoncées dans le discours du Trône sont des mesures déjà promises ou en cours. Pourrait-il les mettre en place en ce temps de pandémie où les services et les travaux sont ralentis?

Ces mesures ciblent, notamment:

  • Adapter le régime d’assurance-emploi au XXIe siècle
  • Soutenir les entreprises et les travailleurs en prolongeant la subvention salariale d’urgence (SCU) jusqu’à l’été 2021
  • Aider les personnes à vivre chez elles plus longtemps
  • Augmenter la pension de la Sécurité de la vieillesse après 75 ans
  • Mettre en œuvre des actions pour les personnes handicapées
  • Investir dans les refuges et les logements de transition dans les cas de violence sexiste
  • Investir dans les transports en commun, les rénovations éco énergétiques, le service à large bande en milieu rural pour l’accès à Internet haute vitesse et le logement abordable (en particulier pour les peuples autochtones et les communautés du Nord)

Mais toutes ces mesures seront-elles temporaires ou permanentes? Quand seront-elles accessibles? La mise à jour du budget, sans doute cet automne, devrait nous en dire plus sur les moyens mis en œuvre et leur échéancier.

Depuis de nombreuses années, plusieurs organisations demandes des actions dans plusieurs de ces dossiers pour s’assurer que les Canadiennes et les Canadiens ne vivent pas dans la pauvreté, dans des logements insalubres et sans les ressources essentielles à une qualité de vie. La pandémie sera-t-elle une occasion de répondre concrètement et rapidement à ces demandes pour garantir la sécurité et la dignité des Canadiennes et des Canadiens? Nous l’espérons! 

Pour consulter le discours du Trône, c’est par ici


[1]Gouverneure générale, Un Canada plus fort et plus résilient, Discours du trône, Canada, 2020, aux pages 12 et 13.

[2]Loi sur les Indiens (L.R.C. -1985, ch. I-5)

[3]Idem, voir note 1 à la page 29.

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