L’Afeas et le travail invisible, plus de 50 ans de revendications

4 avril, 2018

Nouvelle

Aujourd’hui, le premier mardi d’avril, l’Afeas souligne la 18e Journée du travail invisible pour rendre « visible » le travail non rémunéré des femmes, et des hommes, au sein de la famille. Chaque année, depuis 2001, l’Afeas réitère l’importance de reconnaitre ce travail des mères et des pères auprès des enfants et des aidantes et aidants auprès de leurs proches en perte d’autonomie.

Je suis heureuse de vous parler, très brièvement, de cette journée importante pour l’Afeas et de la pertinence de ce dossier encore aujourd’hui, je dirais, même, encore plus aujourd’hui.


L’Afeas et le travail invisible, plus de 50 ans de revendications

Dès sa fondation en 1966, l’Afeas se préoccupe de la reconnaissance du travail des femmes au sein de la famille ou de l’entreprise familiale et des conséquences. Préoccupée par la non-reconnaissance de ce travail gigantesque des femmes, en 1968 lors de la Commission Bird, l’Afeas dépose des recommandations pour soutenir les « femmes au foyer ». Rappelons qu’à cette époque, les membres de l’Afeas comme la grande majorité des Québécoises sont toujours « femmes au foyer » dès leur mariage.

Dès 1974, une de ses premières campagnes de sensibilisation consiste à faire reconnaitre l’apport des femmes collaboratrices de leur mari dans une entreprise à but lucratif (ferme, commerce, bureau professionnel, etc.). En 1980, l’Afeas crie « VICTOIRE »! Ces femmes peuvent recevoir salaire et avantages sociaux comme tous les autres employés. Plusieurs campagnes ont suivi; certaines avec des gains et d’autres restent sans réponse!


La Journée du travail invisible

Les années passent et, le 1er avril 2001, l’Afeas lance une nouvelle campagne de sensibilisation qui se tiendra chaque année le premier mardi d’avril. Ainsi est née la Journée du travail invisible.

Lors de ce lancement, la présidente provinciale d’alors, madame Huguette Labrecque, dit que : « l’Afeas s’occupe de ce dossier depuis plus de 30 ans. Aujourd’hui, on  parle beaucoup  de conciliation travail-famille, d’assurance parentale ou d’allocation familiale, de mesures d’aide pour les aidantes et aidants dits «naturels». Mais toutes ces questions ont un point commun : la non-reconnaissance de l’importance et de la valeur du travail invisible. C’est pourquoi nous avons décidé de relancer le débat».

Par cette initiative, l’Afeas veut sensibiliser le public et les gouvernements à la valeur sociale et économique de ce travail, non reconnu parce que toujours non comptabilisé dans les comptes nationaux. Reconnaitre cette contribution des femmes au sein de la famille et de la communauté permet de mettre en place des mesures sociales et financières justes et équitables et, ainsi, de diminuer la pauvreté des femmes qui s’occupent des enfants ou de proches en perte d’autonomie.

 

Comptabiliser la participation des femmes à la société canadienne

Quelle est donc cette valeur ? En 1992, Statistique Canada estime que le travail invisible représente entre 34% et 54% du Produit intérieur brut (PIB) canadien, soit entre 235 et 374 milliards de dollars (incluant le bénévolat). Ainsi pour une femme au foyer à temps plein avec des enfants, cette valeur se situe environ entre 24 300 $ et 30 000 $[1].

Indexée en dollars de 2016, cette valeur représente entre 689 et 1 089 milliards $, soit toujours entre 34,0% et 54,2% du PIB. Pour une femme au foyer à temps plein avec des enfants, cette valeur se situe, en 2016, entre 37 200 $ et 45 900 $ [2].

Depuis 1992, plus de 25 ans maintenant, la valeur du travail non rémunéré des femmes et des hommes au sein de la famille n’a pas été comptabilisée au PIB par Statistique Canada. Pourtant, depuis 1985 à Nairobi, le Canada s’y était engagé comme signataire des ententes internationales sur la situation de la femme.

 

Le travail invisible, une notion toujours actuelle!

Revenons à aujourd’hui. Depuis quelques mois, élection oblige, la famille, les parents et les aidant.e.s sont au coeur de l’actualité. Simple calcul électoraliste? À vous de le dire! Dans tous les cas, si la scène politique actuelle met en lumière le travail des femmes, et des hommes, dans la famille, l’Afeas ne peut que s’en réjouir.

Maintenant il faut analyser les intentions réelles derrière ces annonces : que ce soit le Projet de loi 176 modifiant la Loi des normes du travail qui protège maintenant l’emploi des aidant.e.s en cas d’absence, comme l’est celui des parents ou le Projet de loi 174 qui assouplit la Loi sur l’assurance parentale pour permettre aux parents de prendre les congés sur une période plus longue. Bien que les modifications de ces deux lois soient intéressantes, il y a encore des oubliées. Entre autres par le régime québécois d’assurance parentale, ce sont les parents non admissibles, n’ayant pas gagné le minimum assurable avant la naissance ou l’adoption de leur enfant, et les aidant.e.s qui n’ont droit à aucune prestation au Québec lorsqu’elles s’absentent du travail pour soutenir un proche.

Par ailleurs, le budget du Québec, déposé le 27 mars, annonce des mesures bien pauvres pour les aidant.e.s. Et nous attendons encore le Plan d’action pour la Conciliation famille-travail-études promis depuis plus d’un an.

Qu’on le dise! Arrêtons de fermer les yeux, le travail invisible, ça compte!

[1] Afeas, Le travail invisible, ça compte!, Pochette d’information, Montréal 2001.

[2] Pour les fins du présent document, les valeurs indexées en dollars de 2016 ont été établies par Ruth Rose, professeure associée en Sciences économiques à l’Université du Québec à Montréal, 24 novembre 2017.

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