Rien n’est acquis…
Insécurité… peur… incrédulité… rage… les mots manquent pour exprimer ce triste retour en arrière pour beaucoup (trop) de nos voisines du Sud qui sont aujourd’hui dépossédées de leurs droits à l’avortement, de leurs droits de choisir, de leurs droits fondamentaux! En 2019, c’est impensable! Et que dire de la future génération d’Américaines qui vont grandir et devenir femmes avec moins de droits que leurs mères…
On dit impensable, mais il y a quatre ans, les Américains ont mis au pouvoir un président qui a ouvert la porte à ce genre de régressions moyenâgeuses. Grâce à ses positions douteuses en matière de femmes et de droits (entre autres…), la droite religieuse américaine peut s’acharner allégrement sur le droit à l’avortement dans le but ultime de forcer la Cour suprême des États-Unis à infirmer l’arrêt Roe c. Wade, qui a permis la légalisation de l’avortement aux États-Unis en 1973.
La situation est accablante, voire surréaliste. Des projets de loi visant à abolir le droit à l’avortement ont été soumis dans 28 États américains dans les seuls trois premiers mois de 2019.
- L’Alabama a signé la loi la plus restrictive des États-Unis sur l’avortement. « Toute vie est un cadeau sacré de Dieu », a justifié Kay Ivey, la gouverneure républicaine de l’État. En gros, si la législation entre en vigueur dans six mois, les interruptions volontaires de grossesse seront complètement interdites dans cet État du sud des États-Unis. En cas de viol ou d’inceste, la victime, qu’elle soit enfant ou adulte, sera obligée de garder le fœtus. Les médecins qui contreviendraient à la loi s’exposeront à une peine de prison allant jusqu’à 99 ans. Seules deux exceptions seront permises: si le foetus souffre d’une « anomalie congénitale » ou s’il s’agit d’une urgence vitale pour la mère.
- La Géorgie, le Kentucky, le Mississippi et l’Ohio ont, quant à eux, adopté des projets de loi limitant le recours à l’avortement après six semaines de grossesse, soit avant que les battements de cœur du fœtus puissent être détectés. Alors qu’on sait très bien qu’à ce stade, de nombreuses femmes ne savent même pas qu’elles sont enceintes.
- Le Missouri a adopté une loi interdisant aux médecins de pratiquer des avortements après la huitième semaine de grossesse.
- En Arkansas et dans l’Utah, des législations visant à limiter l’avortement aux 8 premières semaines de grossesse ont été adoptées depuis le début de l’année.
On parle ici de lois qui interdisent d’avorter même en cas de viol ou d’inceste, au nom d’un droit « sacré » à la vie. Et le droit « sacré » au choix des femmes, lui?
Depuis le début de l’année, plus de la moitié des 50 États américains ont mis en place des règles limitant l’accès à l’avortement, selon l’Institut Guttmacher qui défend le droit des femmes à l’IVG.
L’Afeas et ses membres sont bien évidemment contre la criminalisation de l’avortement et ne veulent surtout pas revenir à l’époque des avortements clandestins.De même, le choix d’interrompre une grossesse ne doit pas mettre la vie ou la santé de la femme en danger etpersonne n’a le droit de décider pour une autre personne lorsque celle-ci est apte à décider pour elle-même. Nous pensons que les femmes doivent avoir les soins dont elles ont besoin, quel que soit leur choix de poursuivre ou non leur grossesse.
Logiquement, ces lois devraient rapidement être invalidées par les tribunaux, car elles sont en contradiction avec l’arrêt emblématique de la Cour suprême, Roe V. Wade. Mais le but avoué de ces États est d’intenter plusieurs recours, jusqu’à faire appel à la plus haute cour pour la convaincre de revenir sur cette décision.
Si, conformément à la droite religieuse américaine, l’avortement est considéré comme un meurtre, la pilule du lendemain est-elle considérée comme un avortement? Et la masturbation peut-elle être vue comme un homicide prémédité? En outre, est-ce que la fellation devient du cannibalisme? De même, faut-il considérer le coït interrompu comme un abandon parental? Que peut-on dire sur le préservatif? Serait-ce un meurtre par asphyxie?