La parité homme-femme en politique n’est pas une utopie

23 février, 2017

Nouvelle

Les luttes féministes au Québec ont mené à certaines des plus grandes avancées pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Cependant, la représentation des femmes au pouvoir au Québec fait du surplace depuis 15 ans. Selon le Conseil du statut de la femme, « […] ici comme presque partout ailleurs, les femmes sont sous-représentées en politique. »

 

Les Québécois sont pour une remise en question des différentes façons de faire la politique. La firme CROP a sondé les Québécois en avril dernier sur des idées de réforme de nos institutions. Deux résultats sont particulièrement interpellant :

 

  • 59% de la population québécoise estime que les partis politiques devraient être tenus de présenter une proportion égale de candidatures féminines et masculines.
  • 73% est aussi favorable à l’introduction d’un cours obligatoire à l’école secondaire sur le fonctionnement de la démocratie.

 

La parité

La parité est un enjeu de reconnaissance historique de la place des femmes dans la société. Cette sous-représentation persistante des femmes dans le milieu politique est une prolongation partielle de l’époque où elles en étaient exclues. En politique, elle vient chercher une notion d’égalité de fait entre les sexes et non uniquement une égalité de droit.

 

Pourquoi les femmes sont encore si peu nombreuses en politique?

« Les obstacles à l’entrée et au maintien des femmes en politique sont moins visibles que par le passé, mais ils n’ont pas disparu pour autant. La culture des partis et des institutions politiques, le partage inégal des responsabilités familiales […] et la socialisation différente des filles et des garçons sont toujours bien présents », explique Mme Miville-Dechêne, présidente du Conseil du statut de la femme.

 

Les femmes détiennent soixante pour cent des diplômes universitaires, mais seulement 40 % des postes de gestion, 18 % des postes de haute direction et 14 % des sièges des conseils d’administration au Canada (Enquête Catalyst, 2012). Tout porte à croire que le plafond de verre, constitué d’attitudes et de préjugés organisationnels, existe toujours. Il représente les barrières invisibles qui empêchent les femmes d’atteindre les postes de décisions les plus élevés.

 

Un virage important

Les libéraux ont pris un virage important pour s’assurer que les femmes participent autant que les hommes aux décisions gouvernementales. Le nouveau cabinet des ministres à Ottawa a fait la démonstration que la parité ministérielle est possible et, surtout, qu’il existe des femmes compétentes en politique. La parité témoigne de la capacité d’un parti à être ouvert à la diversité sociale et celle d’un premier ministre à être ouvert à la pluralité des points de vue.

 

« Exiger la parité, c’est aussi forcer une certaine classe politique à sortir de ses vieux réflexes et de sa vision passéiste du vivre ensemble. Comparer le tout nouveau cabinet Trudeau à celui que nous avons à Québec ne peut qu’engager la réflexion : qu’aurions-nous à perdre collectivement à donner aux femmes la place qui leur revient? À quand la parité au Québec? », se demande Rachel Chagnon, professeure à l’UQAM et directrice de l’Institut de recherches et d’études féministes.

 

Quelle stratégie?

Le collectif apolitique derrière le Manifeste pour le droit des femmes « Pour passer de la colère au pouvoir » lancé en novembre exige que la parité homme-femme s’applique à toutes les organisations gouvernementales. Il va même plus loin : que les organismes et les entreprises qui reçoivent du financement public aient l’obligation d’atteindre l’équilibre du nombre de femmes et d’hommes au sein de leurs instances.

 

La parité n’est pas un rêve de féministe qui ne comprend pas comment « brasser des affaires ». Au contraire, son absence est un signe de manque avéré de vision et de leadership. En regardant le cabinet des ministres à Québec, en observant un premier ministre qui ne s’entoure que de ses semblables, on se peut se poser de réelles questions.

 

 

 

Un texte originalement paru dans la revue Femmes d’ici hiver 2016

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