Une 22e Journée pour la reconnaissance du travail invisible : avance-t-on… ou pas ?
Le mardi 5 avril dernier, l’Association féministe d’éducation et d’action sociale (Afeas) soulignait la 22e édition de la Journée du travail invisible, créée en 2001.
À cette occasion, la présidente de l’Afeas, Lise Courteau, a ouvert l’activité de la journée en mentionnant que le travail invisible est toujours tenu pour acquis et effectué majoritairement par les femmes, ce qui les pénalise dans les divers aspects de leur vie, tout en augmentant le risque de vivre dans la pauvreté tout au long de leur vie. Depuis le début de la pandémie, la situation est d’autant plus criante, car les femmes ont dû prendre à bout de bras de nombreuses responsabilités comme l’école à domicile.
À suivi le panel Femmes politiques et travail invisible réunissant les députées Méganne Perry Mélançon (Gaspé – PQ) et Catherine Dorion (Taschereau – QS). La députée de Gaspé a reconnu que l’impact de la motion de 2020 du Cercle des femmes parlementaires a été modéré, tout en apportant visibilité et sensibilisation dans le milieu parlementaire et la population. Elle aurait souhaité des changements dans les politiques publiques comme l’utilisation de l’ADS+ de façon systématique. « C’est une bataille qui se poursuit toujours, qui va devoir se faire constamment, parce qu’il ne faut pas perdre les acquis, il faut en gagner d’autres. Toutes les députées femmes ont cet objectif-là, il y a des hommes aussi. On n’est pas seules (…) continuons ce travail-là. » À la question, « Que faire pour avancer ? », la députée de Taschereau a souligné que cet enjeu est encore très niché, tant dans la population que dans les médias. Il faut donc garder à l’esprit l’importance d’un travail de sensibilisation, agir tant sur les législations que sur le volet individuel et faire soi-même ce que l’on souhaite voir changer dans les mentalités. « Un changement de culture se fait avec le temps », ajoute-t-elle, « mais sans doute pas avant 10 ans ».
En après-midi, dans le cadre des travaux parlementaires canadiens, la députée fédérale de Shefford a présenté une déclaration sur le travail invisible, pour rendre visible le travail fait dans l’ombre des familles, celui des proches aidants comme celui des bénévoles, effectué majoritairement par des femmes. Elle a souhaité que l’ensemble de la société se penche sur les meilleures façons de répartir ce travail invisible, tout en ajoutant que la pandémie a accru cette charge sur les épaules des femmes. Par la suite, elle a déposé une motion libellée comme suit : Que la chambre désigne le premier mardi du mois d’avril comme étant la journée du travail invisible et encourage tous les États membres des Nations unies à faire de même. Malheureusement, au moment de l’adoption de la motion, quelques députés ayant dit « non », la motion n’a pu être adoptée.
Malgré toutes les années à demander la reconnaissance du travail invisible, le chemin est encore long pour obtenir cette Journée nationale du travail invisible que demandent l’Afeas et ses partenaires depuis plus de 20 ans. Quelles sont les raisons du refus d’instituer cette journée annuelle ? Des raisons idéologiques, des guerres entre les partis, la peur de créer un précédent ayant des répercussions financières, le désir de garder les rôles sociaux tels quels, … ? Pourtant la pandémie de COVID-19 a bien mis en lumière ce travail de soins et son importance pour les familles et les institutions. Alors pourquoi s’opposer à l’adoption d’une simple motion, non contraignante ?
L’Afeas, ses membres et ses allié·e·s poursuivent cette campagne annuelle. Ensemble, elles demandent aux parlementaires québécois et canadiens comme à la population de l’appuyer en signant le manifeste pour la valorisation du travail invisible, en écrivant des lettres d’opinion dans les médias et des lettres d’appui remises à l’Afeas locale de leur communauté. Bref, parlez-en autour de vous pour qu’enfin ce travail essentiel à toute société soit reconnu et valorisé. Parce que le travail invisible, ça compte !