Portrait de femme: Rosalie Cadron-Jetté
Au 19e siècle, les mères célibataires sont ravalées au rang de putains et celles qui les aident se rendent complices du vice. Défiant la société puritaine, cette sage-femme fonde une maternité pour les accueillir, connue sous le nom de La Miséricorde.
Rosalie Cadron-Jetté a été épouse, mère, grand-mère, veuve, religieuse et fondatrice d’une communauté religieuse. Femme d’une grande charité, elle s’est mise au service des mères célibataires en détresse. Grâce à elle et à son œuvre, des milliers de femmes ont vécu l’accueil dans le non-jugement et ont retrouvé leur dignité humaine. Rosalie Cadron-Jetté représente, encore aujourd’hui, une personne inspirante à découvrir et un modèle très actuel.
Fondatrice de l’Institut des Sœurs de Miséricorde, Rosalie Cadron-Jetté est née à Lavaltrie (Bas-Canada) le 27 janvier 1794 et décédée à Montréal le 5 avril 1864. Pendant ses 50 premières années, Rosalie Cadron a une vie à peu près conforme à celle des femmes de son temps. Le 7 octobre 1811, à l’âge de 17 ans, elle épouse Jean-Marie Jetté et de ce mariage naissent 11 enfants. En 1845, après 13 ans de veuvage, dégagée de ses responsabilités familiales, elle donne à sa vie une orientation qui marquera l’histoire sociale et religieuse de Montréal. Rosalie Cadron-Jetté s’occupe déjà de quelques filles-mères dans l’ombre de son foyer, avec une largeur de vue peu commune pour l’époque et un réel sens des valeurs humaines. De son côté, Mgr Ignace Bourget est persuadé qu’il faut, dans un Montréal en pleine urbanisation, venir en aide aux filles-mères que rejettent les familles et pour lesquelles la société a du mépris. L’évêque estime aussi que, pour répondre aux besoins nouveaux de la société, l’Église doit créer des communautés nouvelles, sans traditions ni attaches antérieures gênantes. Rosalie Cadron-Jetté lui semble donc toute destinée à poursuivre et à stabiliser son action charitable envers les filles-mères, en fondant une communauté vouée «aux œuvres de miséricorde temporelles et spirituelles». Malgré l’opposition de ses enfants, qui anticipent la désapprobation de la société montréalaise, Rosalie Cadron-Jetté s’installe en 1845 dans une petite maison donnée pour l’œuvre nouvelle par un riche citoyen de Montréal et bienfaiteur régulier des œuvres de Mgr Bourget. La communauté naissante franchit l’étape décisive de sa fondation en 1848, par la profession religieuse de la fondatrice et de ses collaboratrices. Devenue sœur de la Nativité, Rosalie Cadron-Jetté refuse tout poste d’autorité dans sa communauté, se jugeant incapable de bien gouverner l’œuvre pendant la période de développement qui s’annonce. Dans l’ombre, elle participe cependant à tout le ministère de l’institut : accueil des pénitentes, soin des enfants nouveau-nés à « la maternité », soin des malades à domicile jusqu’en 1862.
Sœur de la Nativité s’éteint en 1864, la communauté dont elle a façonné l’âme, a fait ses preuves. Elle se compose alors de 33 religieuses, de 11 novices et postulantes, de 25 Madeleines et autres femmes attachées à l’institut. La communauté a donné refuge à 2 300 filles-mères, en plus de soulager les autres misères qui se présentaient. La charité de Rosalie Cadron-Jetté a donc triomphé des préjugés de son temps. Elle a réussi à résoudre en grande partie un délicat problème social et l’hôpital de la Miséricorde, qui a joué un rôle essentiel dans l’histoire de Montréal, en témoignera jusqu’en 1973.
De nombreuses institutions nord-américaines commémorent Rosalie Cadron-Jetté
- La Vénérable Rosalie Cadron-Jetté est fêtée le 5 avril, jour de sa naissance au ciel, dies natalis.
- École Rosalie-Jetté à Montréal, où les mères-adolescentes, âgée de 12 à 19 ans, peuvent poursuivre leurs études en jumelant leurs rôles de mère et d’élève
- Rosalie Manor à Milwaukee, institué par les Sœurs de Miséricorde en 1908
- Rosalie Hall à Toronto, centre pour nouveaux parents
- Rosalie Hall à New York, centre de ressourcement pour les adolescentes enceintes ou qui sont mères
- Villa Rosa à Winnipeg, centre de soin pour les mères et leurs bébés
- La maison de Lavaltrie où Rosalie Cadron-Jetté a passé son enfance et où elle a élevé sa famille jusqu’en 1822 est maintenant connue sous le nom de Maison Rosalie-Cadron et depuis 2006 est ouverte au public de mai à octobre
- Espoir Rosalie à Gatineau, organisme d’aide aux femmes monoparentales
- La Petite Maison de la Miséricorde Montréal, organisme d’aide aux chefs de familles monoparentales féminines
- Musée des sœurs de la Miséricorde à Montréal: le Musée offre différentes animations telles une capsule historique sur les sages-femmes et une autre faisant revivre l’époque de la fondation. Un musée de cire et un diorama illustrant la vie de Rosalie sont aussi disponibles. Pour explorer les environs du musée, un circuit guidé autonome est offert de juin à octobre
▶️ Visionnez la présentation de la Maison Rosalie-Cadron située à Lavaltrie
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