Un premier rapport annuel du Comité d’examen des décès liés à la violence conjugale
À l’issue des journées d’action contre les violences faites aux femmes, le Comité d’examen des décès liés à la violence conjugale annonce la publication de son premier rapport annuel. Avec son large éventail de recommandations, ce rapport est un appel à agir ensemble pour prévenir la violence conjugale et sauver des vies.
La violence conjugale est un problème de sécurité publique de première importance. C’est aussi un problème de santé publique majeur. À l’échelle internationale, l’Organisation mondiale de la santé estime que près d’une femme sur trois est exposée à la violence d’un partenaire intime au cours de sa vie. Au Québec, les services policiers enregistrent chaque année autour de 20 000 infractions commises en contexte conjugal. Dans près de 80 % des cas, la victime est une femme. Au cours des dernières années, on compte en moyenne 10 homicides conjugaux par année. Les femmes sont largement surreprésentées parmi les victimes.
Chacun de ces homicides conjugaux soulève une grande consternation dans la société québécoise. C’est dans l’onde de choc d’un de ces évènements éprouvants, l’homicide de Daphnée Huard-Boudreault, que la formation du Comité a été annoncée en novembre 2017 par la Coroner en chef de l’époque, Me Catherine Rudel-Tessier, et par M. Martin Coiteux, alors ministre de la Sécurité publique. Le Comité est né de leur volonté commune de rassembler l’expertise de femmes et d’hommes représentant plusieurs organisations ayant une expertise reconnue sur cette problématique sociétale, avec la mission de mieux la comprendre pour mieux la prévenir.
« Nous recommandons que tous les corps policiers (tant allochtones qu’autochtones) offrent de la formation continue à leurs membres pour les sensibiliser davantage à la problématique de la violence conjugale », peut-on lire dans le document de 35 pages, contenant 28 recommandations.
Après s’être dotés de solides outils d’analyse, les membres du Comité ont fait l’examen approfondi de 10 événements de violence conjugale survenus avant 2018 dans différents milieux. Dans tous les cas, ils ont pu observer la présence d’un nombre élevé de facteurs de risque. Tant les victimes de violence conjugale que les agresseurs ont été en contact avec des services ou des ressources d’aide et de protection. Malgré tout, ces 10 événements de violence dans un contexte conjugal ont donné lieu à 19 décès, majoritairement des femmes. Cette démarche a permis de faire ressortir deux enjeux majeurs : l’importance de bien évaluer les risques et aussi de favoriser le partage de l’information confidentielle pertinente entre les différents secteurs d’intervention lorsque la protection des personnes le justifie. Le Comité a ainsi pu formuler de nombreuses recommandations visant principalement la sensibilisation du public, la formation des intervenants et des acteurs concernés, ainsi que le développement et la mise à jour de meilleurs outils pour les services policiers.
La violence conjugale n’est pas toujours visible, et pourtant, chaque drame exposé dans les médias nous rappelle à quel point elle est présente dans notre société. Un voisin ou une voisine, une cousine, une amie… nous connaissons tous des gens qui, de près ou de loin, en ont été affectés. Ce phénomène est de plus en plus étudié dans le but de dégager des solutions concrètes pour le prévenir et le contrer. Le Comité d’examen des décès liés à la violence conjugale, mis sur pied à la fin de 2017, s’inscrit dans ce mouvement. Il rassemble à une même table une vingtaine d’intervenantes et d’intervenants de différents milieux, qui s’unissent afin de proposer des solutions concrètes. Ce premier rapport présente le fruit de leurs deux premières années de travail ainsi que leurs premières recommandations. Pascale Descary, avocate Coroner en chef
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