Portrait de femme: Evelyn O’Bomsawin
Evelyn O’Bomsawin est une militante féministe abénakise qui s’est battue pour les droits des femmes autochtones. Elle a été la première femme élue au Conseil de bande d’Odanak et a occupé plusieurs postes à l’Association des femmes autochtones du Québec.
Comme on le sait, depuis les débuts de la colonisation, les femmes autochtones ont été particulièrement ciblées par les mesures d’assimilation, notamment à travers la Loi sur les Indiens. Adoptée en 1876, celle-ci servait de socle pour l’application des politiques coloniales et est malheureusement toujours en vigueur aujourd’hui. Au tournant des années 1970, toutefois, plusieurs femmes autochtones contestent les inégalités juridiques au cœur de cette loi. L’article 12(1)b), en particulier, prévoit que les femmes épousant un homme allochtone se voient retirer leur statut et ne peuvent le léguer à leurs enfants, en plus de perdre leur droit de propriété et la possibilité de participer aux activités politiques sur la réserve.
Evelyn O’Bomsawin fait partie des milliers de femmes discriminées par cet article de la loi. Son mariage en 1944 avec un homme métis, pourtant fils d’une mère de la nation Mohawk, lui fait perdre son statut et la possibilité de le transmettre à leurs sept enfants. Une fois divorcée, elle doit quitter la réserve en raison de l’application plus stricte de la Loi sur les Indiens, qui l’empêche d’y occuper un emploi. C’est alors qu’elle commence à militer activement, à partir de 1972, dans l’Alliance laurentienne des Métis et des Indiens sans statut du Québec. Elle s’engage alors dans la défense des droits des amérindiens et devient présidente de l’Alliance pour six ans. Elle visite les réserves amérindiennes à travers tout le Canada pour convaincre des centaines de femmes autochtones de faire valoir leurs droits. De plus, Madame O’Bomsawin crée des liens entre les associations de groupes de femmes du Québec, afin de faire connaître la situation des Amérindiennes sans statut. Elle devient une des premières femmes autochtones à créer L’Association des femmes autochtones du Québec, qui à ce jour existe toujours avec de plus en plus de membres.
Elle débattra la problématique de la condition des femmes autochtones avec de nombreuses personnalités politiques dont M. Pierre Elliot Trudeau, M. René Lévesque, avec lesquelles elle a participé à des débats sur la loi sur les indiens. Elle était connue aussi de M. Michel Chartrand et son épouse Mme Simonne Monet-Chartrand et de Madame Casgrain.
« Pour Evelyn O’Bomsawin, il ne s’agissait pas uniquement d’une question juridique, mais bien d’une lutte pour la reconquête d’une identité. À ses yeux, la loi s’inscrivait dans un processus d’assimilation culturelle qui réduisait le nombre d’autochtones reconnus et qui menaçait le tissu social dans les réserves, en excluant les femmes et leurs enfants », commente Christine Chevalier-Caron, qui a mené des travaux sur cette militante.
Bien que l’article 12(1)b) ait été abrogé en 1985, Evelyn O’Bomsawin poursuit ses engagements jusqu’à son décès en 2008. Ses convictions, sa franchise, sa droiture, son ouverture d’esprit et ses rêves ont contribué à changer bien des lois injustes pour les amérindiens et amérindiennes. Pour elle c’était : Plus nous serons, plus nous gagnerons.
✨ En 1985, elle a reçu le Prix du Gouverneur général en commémoration de l’affaire « personne » pour avoir travaillé à la promotion des femmes autochtones et pour avoir contribué à la suppression des dispositions discriminatoires incluses dans la loi sur les Indiens. ✨